
En mai 1891, dans les environs de Boma, plus précisément à Shinkakasa, on avait fait construire un fort pour arrêter les vaisseaux de guerre tentés de violer les passes du fleuve Congo
La menace s’adressait en réalité au Portugal qui se prévalait de ses droits historiques en tant que premier découvreur de l’embouchure du Congo. Pour remédier au manque de main-d’œuvre du fort, l’EIC avait imaginé depuis 1895 de diviser les recrues en deux lots dont les inaptes au service militaire devenaient des « soldats travailleurs ».
La plupart de ces soldats, appartenant en réalité à des unités révoltées, avaient déjà servi l’EIC pendant sept ans sans être libérés. Profondément blessés par cette mesure, ces travailleurs ont décidé de se rebeller le 17 avril 1900 : ils s’emparèrent des clefs du magasin d’armes et de munitions, ouvrirent le feu et s’enfermèrent dans le fort d’où ils bombardèrent, sans dégâts, Boma et le port. Par leur position forte, seule la famine allait obliger les rebelles à sortir du fort, ce qu’ils firent durant la nuit.
Mais ce n’est que le lendemain matin, que les forces régulières s’en rendirent compte et organisèrent la poursuite.
Une première colonne partit de Boma, commandée par Cabra, commandant de la Force Publique, qui ne parviendra à rattraper les fuyards ; une deuxième, parcourut le Mayumbe ; et une troisième, de trente hommes, fut envoyée à Tshoa pour y surveiller les frontières portugaises.
Pour prendre les révoltés à revers, le Capitaine-Commandant Cabra, ordonna à Sillye de se mettre à la tête d’une colonne de marche, et de se rendre, par voie d’eau et de rail, à Tumba. Les renseignements qu’il y recueillit le conduisirent, à marches forcées, vers Luozi et Ganda. La rapidité de ce mouvement lui permit de devancer les fuyards qui se trouvaient à trois jours de marche vers l’ouest. Il réussit à surprendre leur camp dans la vallée de la Luala et à tuer deux de leurs chefs lors d’un combat livré le 3 mai. Mais les survivants se réfugièrent au Congo français.
Sillye obtint alors la permission de les poursuivre et s’avança vers Manyanga où il franchit la frontière, accompagné d’un fonctionnaire français. Les révoltés s’étant entre-temps rendus aux autorités françaises, Sillye regagna Boma.