
Une énième affaire de détournement de « millions », comme c’est devenu une nouvelle mode depuis quelque temps, défraie la chronique depuis le jeudi 16 décembre 2021 dans la capitale Kinshasa. Cette fois, il s’agirait, selon certaines informations reçues, d’un coup monté par le conseiller financier du ministre en charge des affaires sociales, des actions humanitaires et de la solidarité nationale, Modeste Mutinga.
Plusieurs sources judiciaires affirment que ce prétendu détournement de fonds a été découvert grâce au travail acharné de l’Inspection générale des finances (IGF), qui travaille depuis un certain temps sur une patrouille financière destinée à contrôler quotidiennement les dépenses publiques et leur affectation.
D’après le rapport élaboré par l’IGF, la somme colossale d’un million de dollars américains décaissée par le trésor public et soupçonnée d’avoir été détournée, était destinée aux victimes du naufrage du Bumba dans la province de Mongala, mais aussi aux victimes des incendies de Djomba et à celles de l’éruption du volcan Nyiragongo à Goma.
Les conclusions de l’IGF ont conduit à l’ouverture d’une enquête, qui vraisemblablement a motivé l’interpellation du conseiller financier du ministre Mutinga, désormais appelé à justifier l’utilisation de ces fonds.
Un accident qui a coûté la vie à au moins 60 personnes
Le 6 octobre dernier, un convoi de pirogues motorisées a coulé au fond du fleuve en raison de la charge de briques cuites qu’il transportait. Cette tragédie, qui a coûté la vie à au moins 60 personnes, a eu lieu près du village d’Engengele.
Le 18 du même mois, le gouvernement central a accordé une aide financière aux familles et aux survivants du naufrage. Cette aide, remise par le Vice-Premier Ministre de la Fonction Publique, Jean-Pierre Lihau, a permis à chaque survivant du naufrage officiellement enregistré de recevoir la somme de 250.000 francs congolais (125 $). Aussi, la somme de 500.000 francs congolais (250 $) a été remise à chaque famille des victimes.
Par conséquent, il appartient maintenant à l’IGF et à la justice d’apporter de nouveaux éléments plus précis sur ce détournement présumé de cette somme destinée aux victimes, dont certaines avaient déjà reçu quelque chose de l’exécutif central.
Qu’en est-il des sinistrés de Goma ?
En septembre dernier, les sinistrés de Goma du site de l’EP Kahembe, sont descendus dans la rue pour dénoncer le détournement de l’aide humanitaire qui leur était destinée, ainsi que le manque de transparence dans la gestion des fonds.
« Il y a 20 000 USD qui ont été donnés par le Premier ministre. L’Union africaine est venue avec 150 000 USD, mais jusqu’à présent nous ne savons pas où va cet argent. Moise Katumbi a très bien souligné qu’il avait lui-même donné 300.000 aux autorités pour aider les victimes. Mais cette somme n’est jamais parvenue aux bénéficiaires non plus », avait alors déclaré Faustin Zabayo, un cadre du conseil territorial des jeunes de Nyiragongo.
Ces revendications ont été entendues par le ministre des Affaires sociales et de l’Action humanitaire, Modeste Mutinga, qui avait à l’époque reconnu avoir reçu les 300 000 dollars de Moïse Katumbi, promettant de se rendre à Goma pour éclairer la population sur l’utilisation de tous ces fonds.
Le travail de l’IGF permettra-t-il enfin à ces victimes d’avoir des réponses à leurs différentes questions ? Seul l’avenir nous le dira.