Fin de la tournée de Félix Tshisekedi au Kasaï : l’euphorie de l’élection de 2018 face aux réalités catastrophiques actuelles sur le terrain
Sosthène Kambidi
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Le Président de la République Félix Tshisekedi a terminé ce jeudi 6 janvier 2022 sa tournée dans l’espace Grand Kasaï. Parti de Kinshasa à la veille de Noël, soit le 24 décembre 2021, Félix Tshisekedi a passé près de deux semaines dans l’espace géographique d’où il est ressortissant. De cette tournée, on a assisté à des fortunes diverses.
Mbuji Mayi : conquise et acquise
Le président Tshisekedi a commencé sa tournée dans l’espace Grand Kasaï par la ville de Mbuji Mayi où il a été élu député national en 2011. Dans la capitale mondiale du diamant, c’est en chasseur ramenant le gibier à la maison que Félix Tshisekedi a été accueilli. Un véritable triomphe pour le fils du Sphinx feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Son meeting a été avalé mot à mot par un public qui ne demandait rien d’autre que de voir l’un de ses fils sur la plus haute marche du podium, la présidence de la république. Galvanisé par la chaleur fraternelle de Mbuji Mayi, le président Tshisekedi s’est rendu à Kabeya Kamuanga puis à Mupompa, territoire et village d’origine où il a eu à passer une partie de son enfance lors de la relégation de son feu père suite à son combat politique sous Mobutu. Dans ces deux localités, Félix Tshisekedi a retrouvé ses amis d’enfance, usés par la misère. Il ne s’est pas empêché de les serrer dans ses bras. En guise de consolation, le président a promis l’amélioration des conditions de vie.
Kabinda: chemin de la croix
La procession du président Tshisekedi a continué dans la province de Lomami, l’une de trois provinces issues de l’ex Kasaï Oriental. Ici, Félix Tshisekedi a connu ce que connaissent les habitants de Lomami. Mauvais état des routes, manque d’énergie électrique et misère. Le cortège présidentiel s’est même égaré, obligeant certains officiels à solliciter la clémence des chefs coutumiers de Lomami dont la légende les fait passer pour des êtres forts en puissance extra terrestre. Le Président Tshisekedi est arrivé à Kabinda où il a tenu un meeting nuitamment et est rentré à Mbuji Mayi laissant les Lomamiens sur leur soif car ils désiraient voir le président pendant la journée.
Kananga : la rebelle
Arrivé dans la capitale provinciale du Kasaï Central, Kananga, le vendredi 31 décembre 2021, le Président Tshisekedi a eu droit à un accueil mémorable. Toutes les activités s’étaient arrêtées à l’arrivée du fils d’Étienne Tshisekedi dans cette ville. Non seulement le président Tshisekedi a eu droit à un accueil mémorable mais aussi et surtout à des grosses surprises. Lors de son meeting à la place de l’indépendance juste après son arrivée, le Président Tshisekedi a été contraint de changer le narratif face à des foules déchaînées et qui avaient besoin non des discours ni des promesses mais des actes. Vite, le président Tshisekedi a réajusté sa communication en passant ainsi d’un monologue à un dialogue interactif avec le public.
« C’est ici (Kananga) que le président Tshisekedi a eu la véritable température de la déception des peuples qui ont soutenu au prix de leur sang le combat politique de son père », explique un analyste politique à Kananga qui sonne l’alerte :
« Les populations du Kasaï Central ne sont pas prêtes à donner un chèque en blanc au président Tshisekedi. Il a l’occasion de se réveiller et de faire quelque chose pour cette population. Sinon, Kananga qui l’a accueilli lui montrera une autre face en 2023 ».
Le président Tshisekedi semble avoir assimilé la leçon de Kananga. Peu d’audiences accordées à ceux qui en ont émis les vœux. Sinon une audience collective. Le président Tshisekedi a sciemment zappé députés nationaux, provinciaux, sénateurs et autres notabilités du Kasaï Central venus spécialement de Kinshasa pour son accueil. Ils ont été trimballés dans le hall du gouvernorat de province toute la journée sans être reçus.
Un acteur social interprète à sa manière la position du président Tshisekedi :
« Le président a parlé avec le peuple. Il ne pouvait pas recevoir ces dinosaures qui ne sont venus que pour leurs intérêts. En d’autres termes, le président Tshisekedi leur a dit : j’ai écouté le peuple et vous n’avez rien à me dire ».
C’est aussi au Kasaï Central où certains membres du cortège présidentiel ont eu fort à faire sur le site des chutes Katende d’où devrait être érigé un barrage hydroélectrique. Des abeilles ont piqué sérieusement certains d’entr’eux. « C’est un message », révèle un prêtre catholique.
Tshikapa : les salamalecs des caciques
Après Kananga, la rebelle, Félix Tshisekedi a mis cap sur Tshikapa dans la province du Kasaï. Des foules, il y en avait mais aussi et surtout la présence remarquable de caciques du PPRD à l’instar du sénateur Evariste Boshab. Félix Tshisekedi a donné l’impression d’être surpris de retrouver au pied de son avion à l’aéroport de Tshikapa, le sénateur de Mweka et l’un des idéologues du régime de l’ancien président :
« Honorable, merci d’être là », a lancé Félix Tshisekedi à Evariste Boshab. Et ce dernier a répondu: “Je ne pouvais qu’être là”.
Lodja: la misère de la population exposée au Président de la république
Partout où Tshisekedi est passé, c’était pratiquement la même chanson : misère. Mais à Lodja et en présence des illustres personnalités comme Lambert Mende, Léonard She Okitundu, Jean Charles Okoto, Chérubin Okende (qui foulait pour la première fois la terre de ses ancêtres), Félix Tshisekedi a vu et entendu des femmes lui dire: » monsieur le Président, nous sommes dépassés par la misère. Le pagne que je porte pour venir vous accueillir, je l’ai emprunté » fin de citation.
Retourné depuis ce jeudi 6 janvier 2022 à Kinshasa, le président Tshisekedi a l’obligation des résultats face à un espace géographique considéré comme son réservoir électoral. Pour y arriver, nombreux proposent que le Président Tshisekedi mette en place des task force dans chaque province visitée, task force constitué des intelligences locales pour le suivi du projet de développement de 145 territoires.
