
Macron dit vouloir limiter "autant que possible" l'accès aux activités pour les non vaccinés
« Je veux vraiment les embêter, et nous continuerons à le faire – jusqu’au bout », a-t-il déclaré au journal français Le Parisien.
Mais les opposants politiques ont déclaré que le langage fort qu’il a utilisé dans l’interview n’était pas digne d’un président.
Ses commentaires ont incité les députés à suspendre le débat sur une loi interdisant aux non vaccinés une grande partie de la vie publique.
La session à l’Assemblée nationale a été interrompue pour une deuxième nuit consécutive alors que des délégués de l’opposition se sont plaints du langage du président, une figure de proue le décrivant comme « indigne, irresponsable et prémédité ».
La législation devait être approuvée lors d’un vote cette semaine, mais elle a provoqué la colère des opposants au vaccin et plusieurs députés français ont déclaré avoir reçu des menaces de mort à ce sujet.
Des vaccinations obligatoires sont introduites dans plusieurs pays européens, l’Autriche ouvrant la voie pour les plus de 14 ans à partir du mois prochain et l’Allemagne prévoyant une décision similaire pour les adultes.
Dans son entretien avec Le Parisien mardi, M. Macron a déclaré que s’il ne « vaccinerait pas par la force », il espérait inciter les gens à se faire piquer en « limitant autant que possible leur accès aux activités de la vie sociale ».
« Je n’enverrai pas [les personnes non vaccinées] en prison », a-t-il déclaré. « Alors il faut leur dire, à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restaurant. Vous ne pourrez plus aller prendre un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre. ne plus pouvoir aller au cinéma. »

Le mot utilisé par M. Macron – emmerder – est un terme vulgaire signifiant agacer et, à quatre mois de l’élection présidentielle française, il a suscité une vive réaction de la part des hommes politiques de l’opposition.
« Aucune urgence sanitaire ne justifie de telles paroles », a tweeté Bruno Retailleau, leader au Sénat des Républicains de droite. « Emmanuel Macron dit qu’il a appris à aimer les Français, mais il semble qu’il aime surtout les mépriser. »
L’une des principales candidates à la présidence, Valérie Pécresse des Républicains, s’est dite outrée que le président ait accusé des personnes non vaccinées de ne pas être des citoyens. « Vous devez les accepter tels qu’ils sont – dirigez-les, rassemblez-les et ne les insultez pas », a-t-elle déclaré à CNews.
La dirigeante d’extrême droite Marine le Pen a tweeté : « Un président ne devrait pas dire ça… Emmanuel Macron est indigne de sa fonction. »
Pendant ce temps, l’homme politique de gauche Jean-Luc Mélenchon a qualifié ces propos d' »aveux étonnants ». « C’est clair, le laissez-passer de vaccination est une punition collective contre la liberté individuelle », a-t-il ajouté.
Un langage similaire a été utilisé par le président Georges Pompidou en 1966, mais, contrairement à Macron, il a dit qu’il était temps d’arrêter d’agacer les Français. L’allié de Macron, Christophe Castaner, a déclaré mercredi que « la phrase n’a choqué personne lorsqu’elle est sortie de la bouche de Pompidou ».
La France a l’un des taux de vaccination contre le Covid les plus élevés de l’UE, avec plus de 90 % de la population adulte à double piqûre, et M. Macron a mis en évidence les cinq millions de personnes estimées qui ne sont toujours pas vaccinées.
Pendant des mois, la France a demandé aux gens de présenter soit une preuve de vaccination, soit un test Covid négatif pour accéder à de nombreux lieux publics.
Mais le gouvernement français veut supprimer la possibilité de montrer un test négatif en réponse à une augmentation record des infections, entraînée par les variantes hautement contagieuses Omicron et Delta de Covid.
Mardi, le pays a signalé 271 686 nouveaux cas quotidiens de Covid – le plus grand nombre de contaminations quotidiennes enregistrées en France depuis le début de la pandémie.
M. Macron n’a toujours pas officiellement déclaré qu’il briguerait un second mandat, mais a déclaré au Parisien dans l’interview de mardi qu’il souhaitait se présenter et clarifierait sa décision « une fois que la situation sanitaire le permettra ».