
L’artiste musicienne congolaise Tshala Muana de son vrai nom Elisabeth Tshala Muana Muidikayi, est née le 13 mai 1958, à Lubumbashi, Elisabethville à l’époque.
Originaire du Kasaï, cette artiste musicienne, a vu son apogée, grâce à la modernisation du folklore du peuple Luba, le style musical Mutuashi, dont son origine remonte au moyen âge.
Créatrice et devenue reine du Mutuashi, Tshala Muana appelée encore Mamu Nationale, est la dixième d’une famille de dix enfants. Fille du père militaire Amadeus Muidikayi et de la mère Alphonsine Bambiwa Tumba.
Son père fut assassiné en 1964, à Watsha par des maquisards Mulelistes pendant la guerre du Katanga, alors qu’elle avait environs 6 ans. Alors qu’elle s’occupait toute seule d’elle, sa mère tire sa révérence en 2005.
Ses premiers pas vers la musique
Depuis son enfance, la surnommée Elise, chantait à l’église du camp militaire Kibembe, situé à Elisabethville. C’est en 1967, après près de deux ans et demi du décès de son père, qu’elle s’installe avec sa mère à Kanaga, Luluabourg à l’époque. Elle y fait ses études primaires et une moitié du secondaire.
Avec d’autres jeunes fille de sa génération, elle se lance la culture musicale de cette partie du pays. Au rythme traditionnel, ses compositions éducatives étaient jouées à l’instrument du loisir. Ce qui fait naître en elle le goût de la musique et des denses traditionnelles.
Elle s’intéresse à la danse et à la musique de sa contrée, le Kasaï profond, exécutés à la fois et par les hommes et par les femmes. C’est dans ce terroir qu’elle écoute et voit la femme Luluwa chanter en toutes circonstances, en berçant son enfant, en pilant le maïs, en labourant le champ, en animant les cérémonies de fêtes ou de deuils,…
L’intérêt affiché pour la danse et la musique de son Kasaï se sont transformés en ambition de tout faire pour que cette culture qu’elle aimait traverse un jour les frontières nationales. Elle quitte Kananga, la ville de sa jeunesse, pour Kinshasa la belle.
Arrivée à Kinshasa à 18 ans, plus précisément en 1976, elle est séduite par les prouesses des jeunes danseuses qui accompagnent les grands orchestres comme Afrisa, OK Jazz. C’est l’époque de « Rocherettes » de l’Afrisa de Rochereau, de « Majorettes ? » de l’OK Jazz, les « Tigresses » du Groupe les Redoutables d’Abeti Maskini.
Mais aussi, elle est séduite par les voix des idoles féminines de la musique congolaise des années 1970, à l’instar d’Abeti Masikini, Mpongo Love, etc.
Son parcours musical
Elisabeth Tshala Muana démarre sa carrière à Kinshasa en 1977 comme danseuse/choriste dans le Groupe Tcheke Tcheke Love, de l’idole féminine Mpongo Love.
Peu après, la danseuse Tshala Muana quitte cet orchestre et s’essaie dans la chanson en travaillant avec Laurent Galans et de Rachid King. Elle compose ses chansons en Tshiluba.
En 1978, c’est la rencontre avec celle qu’on appelle à Kinshasa « Tantine » Abeti Masikini. Sortie victorieuse d’un concours de révélation organisée par Madiata Gérard ». Tshala Muana est recrutée comme danseuse et choriste dans le groupe. Malgré les deux 45 tours qu’elle a produits.
Comme toute artiste novice, elle se nourrit d’ambition pour se faire connaître dans l’univers appelées les « Tigresses ». Soit dit en passant, Abeti « puisait [son inspiration] dans les contes congolais, musique traditionnelle et folklorique ; elle chantait en swahili, sa langue maternelle, en lingala, ensuite en français et en anglais, cela en signe d’ouverture sur le monde et afin de communiquer avec un public de plus en plus hétéroclite qui appréciait sa musique ».
II est possible qu’à cette époque, Tshala Muana qui est danseuse/choriste dans l’Orchestre d’Abeti, ait été influencée par cette dernière dans l’utilisation des langues vernaculaires dans la chanson congolaise et ait nourri l’espoir d’en faire autant dans sa carrière.
La détermination d’exploiter son talent de danseuse l’amène à intégrer le Groupe Minzoto Wela Wela, un groupe né des cendres de l’orchestre Minzoto ya Zaïre créée par le Père Buffalo.
Il est facile d’imaginer que la touche folklorique de la musique de Minzoto aurait attiré Tshala Muana, mais là encore, elle a difficile à se faire connaître comme chanteuse et danseuse, car jusque-là, il n’y avait personne pour l’encadrer.
Sa voix et son style s’imposent mieux en-dehors des frontières congolaises
Au début des années 1980, Tshala Muana explose sur le plan musical non pas à Kinshasa où domine la rumba en lingala, mais à l’extérieur du pays.
Tambour d’Afrique note que « 1980, elle décide d’élargir son champ d’action et se lance dans une tournée ouest-africaine à partir de Brazzaville et se rend au Nigeria, au Togo et en Côte d’Ivoire. Le succès à Abidjan (la capitale de la Côte d’Ivoire) étant l’un des centres musicaux de l’Afrique a permis à Tshala Muana de concrétiser enfin son succès une fois qu’elle a conquis cette région avec son 45 single « Amina » qu’elle a enregistré à Paris en 1982. En 1984 elle s’installe à Paris où elle enregistrera finalement 19 albums«.
Elle fait plus de tournées mondiales et presque partout où elle va, elle remporte des prix et des trophées pour une musique exceptionnelle. En 1987 elle joue dans le film cinématographique « Falato »
À Abidjan, l’artiste congolaise Tshala Muana insuffle la musique congolaise avec le « Mutuashi », cette danse aux déhanchements suggestifs à couper le souffle. Elle séduit et conquiert la Côte d’Ivoire et l’Afrique de l’ouest : « le sacre viendra surtout de ses shows-live, où elle étale toutes ses prouesses artistiques en tant que bête de scène : Pendant trois années, ses shows-live dans les stades en Côte d’ivoire et dans certains pays limitrophes se font quasiment à guichets fermés, appuyés en cela par les arrangements de l’artiste ivoirien Jimmy Hyaçinthe et Souzy Kasseya.
Pour la plupart des observateurs et critiques objectifs de la musique panafricaine, Tshala Muana fait partie désormais du lot d’artistes congolais qui ont hissé très haut le drapeau congolais sur l’échiquier musical international ».
Tshala Muana s’impose comme une artiste de talent et impose le « Mutuashi » avec de nombreuses chansons puisées dans la tradition musicale Luluwa et d’autres composées en Lingala. Les soubresauts de la transition politique commencée en 1990 l’obligent à aller s’installer à Paris.
Avec le soutien artistique de Jojo Kashama, Chico Mawatu et Bibi Den’s, Tshala Muana travaille fort et enrichit son répertoire avec plusieurs titres tels Malu, Nguma yanyi ou Muamba. Elle opte pour le Show-Business. A partir de là, elle va sortir 19 albums et faire le tour des grandes salles en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.
La chansonnière intronisée comme « Reine Kasa wâ Tshanda »
Par ailleurs, la chanteuse Tshala Muana a derrière elle, une histoire inscrite dans la tradition Luluwa-luba, une histoire qui la couronne parmi les grands chefs coutumiers du Kasaï.
En effet, elle a été intronisée « Reine Kasa wâ Tshanda » le samedi 24 mars 1990 à Kananga par les grands chefs coutumiers des deux Kasaï, notamment l’ancien Député Ilunga, Luakabwanga, chef Bakuba, Sapu, Demba, Kanyuka, Luandanda, pour ne citer que ceux-là. Au cours de cette cérémonie, on lui avait posé deux cornes d’une bête sur la tête et elle a reçu aussi deux champignons collés depuis le jour où on les a cueillis.
Les deux champignons avaient totalisé 15 ans le 24 mars 1990, le jour de la cérémonie, et sont restés intacts. Selon la tradition, renseigne-t-on, on donne ces champignons à une personne qui se distingue par ses mérites dans un domaine ; c’est la première fois qu’on les a donnés à une artiste.
Meta Sankulu a été la première femme à mériter cet honneur en 1958 et Tshala Muana est la seconde en 1990. Depuis lors, Tshala Muana était devenue la « Reine Kasa wa Tshanda », qui signifie le ballon des sorciers. Donc les vivants et les morts devront la soutenir dans toutes ses actions et tous les chefs coutumiers lui ont donné chacun une bénédiction fétichiste qui la soutiendra durant toute sa carrière et toute sa vie.
C’est à l’issue de sa tournée dans les deux Kasaï en décembre 1989 et en janvier et février 1990, durant laquelle elle a réussi à convaincre ces deux provinces par sa façon de danser le « Mutuashi plus que ceux qui sont sur place aux Kasaï, que les chefs coutumiers ont statué sur son cas sans qu’elle le sache. Après débat et délibération, ils ont décidé d’introniser Tshala Muana la vraie Reine de Mutuashi. Après cette intronisation, Tshala a passé deux ans à l’étranger pour des productions scéniques en Europe et en Afrique dont la plus marquante est celle du 8 au 9 mai au Zénith. Le 24 juin 1992, elle était plébiscitée « Meilleure Chanteuse Africaine » et « Miss Africaine » car, elle était la plus belle chanteuse africaine.
Le jury lui a décerné une médaille d’Or et une Coupe. Tshala Muana a un parcours élogieux que beaucoup n’ont pas encore vaincu.
Engagée et dans la politique, et dans la musique !
En 1997, de retour au pays après une vingtaine d’années passées à Paris, Tshala Muana s’engage en politique, épaulée par le président Laurent-Désiré Kabila. Elle fonde l’association REFECO (Regroupement des femmes congolaises). De 2000 à 2002, elle siège comme députée au sein de l’ACLPT (Assemblée constituante et législative du Parlement de transition).
En 2003, Tshala Muana renoue avec la scène musicale ; elle est encadrée par son manager Claude Mashala et elle crée son groupe appelé Dynastie Mutuashi. Elle produit, au cours de la décennie, des œuvres qui lui procurent encore un grand succès et plusieurs distinctions sur toute l’étendue de la R.D. Congo et en dehors des frontières nationales. « Grâce à Dinanga (amour), Tshala Muana obtient la palme de Meilleure Vedette Féminine de la R.D. Congo, en 2002, décernée par l’Association des Chroniqueurs de Musique Congolaise (ACMCO).
Malu (problème), son 21 Album enregistré et produit à Paris lui redonne son succès d’antan à travers toute l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord et lui permet d’obtenir le prix de Meilleur Artiste Féminin au Kora 2003. L’album « Malu (problème) » a été vendu à plus de 526.000 exemplaires, d’après la maison de production JPS, sans compter la vente effectuée par les pirates ».
Après ses concerts à Brazzaville et à Pointe-Noire au Congo en 2004, elle est sacrée « Meilleure Artiste Féminine » au Bénin en 2005 » » Le plébiscite obtenu par le double album qu’elle produit en 2006, titré « Mamu Nationale » (la maman nationale) pousse les mélomanes, journalistes, sympathisants et grand public à affubler Tshala Muana du surnom de « Mamu Nationale ».
Elle devient ensuite présidente de la Ligue des femmes du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), parti politique créé en 2002 par le président Joseph Kabila.
En 2011, elle est battue aux législatives dans la circonscription de Kananga
Son soutien au président Joseph Kabila lui vaut l’inimitié des opposants à ce dernier. En raison du boycott politique de ses concerts, sa dernière production scénique à Paris date de 2010.
À partir des années 2000, Tshala Muana assure elle-même la production de sa musique et, à partir de 2008, celle de jeunes talents, notamment MJ30, Jos Diena, Lula Tshanda et Boss Bossombo…
La chanteuse congolaise Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, connue sous le nom de scène Tshala Muana est décédée, ce samedi 10 décembre 2022, a annoncé son époux via les réseaux sociaux.
Discographie
1984 : Mbanda matière
1985 : Kami, Nasi nabali et M’Pokolo
1987 : La Divine et Antidote
1988 : Munanga et Biduaya
1989 : The best of Tshala Muana
1992 : Yombo
1993 : Elako
1994 : Ntambue
1996 : Mutuashi
1997 : Katsha Waya
1999 : Pika Pendé
2002 : Dinanga
2003 : Malu
2004 : Tshanza
2006 : Mamu Nationale (2 vol.)
2007 : Tshikuna Fou
2008 : Enkor et Toujours
2009 : Sikila
2013 : Vundula
2015 : Lunzenze
2016 : Cour des grands
2018 : Don de Dieu (feat. Mbilia Bel)
Avec Kalulambi
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